Tentative de colonisation interdite Texte
Gerdraïa
Cela faisait plusieurs jours qu’ils combattaient les immenses machines qui avaient envahi leur territoire. Elles étaient cent fois plus grandes qu’eux et semblaient ne tenir aucun compte de leur existence. Elles déchiraient la terre avec de gros engins en fer et faisaient disparaître l’herbe qui la recouvrait. Puis elles semaient des espèces inconnues sur Gerdraïa et quelques mois plus tard des plantes immenses poussaient à la place de l’herbe verte. Elles construisaient d’immenses montagnes creuses à l’intérieur desquelles elles disparaissaient lorsque la nuit tombait. Le peuple de Gerdraïa ne comprenait rien à ce qui arrivait. Au début les Gerdrans s’étaient empressés autour des immenses créatures, poussés par la curiosité qui accompagne toute nouveauté. Mais quand les monstres ont commencé à remodeler la planète pour l’adapter à leur convenance, ils surent qu’il leur fallait faire quelque chose pour riposter.
Ils commencèrent alors à étudier assidûment les mœurs des immenses machines pour comprendre en détail leur fonctionnement.
Ils pensaient au début qu’il suffirait de taquiner un peu les machines pour les faire repartir à bord de leur gigantesque vaisseau spatial.
Ce qu’ils avaient trouvé de plus simple pour commencer, consistait à leur envoyer des décharges électriques d’une puissance plus ou moins importante.
Cela faisait sursauter les machines, et si la décharge était suffisamment importante elles restaient immobiles pendant un certain temps. D’autres machines venaient alors à leur secours et les emmenaient dans une montagne blanche spécialement aménagée à cet effet. Une fois réparées, les machines revenaient accomplir leur travail habituel. Parfois, ils s’étaient attaqués à des machines plus petites qui couraient au milieu des grandes. Elles restaient immobiles plus longtemps que les autres et souvent, elles ne se relevaient pas du tout. Elles partaient dans la grande montagne blanche et n’en ressortaient jamais. Les machines qui les accompagnaient s’absentaient elles aussi un moment, puis revenaient travailler, mais avec moins d’entrain qu’auparavant.
Après avoir constaté cela, les Gerdrans s’attaquèrent spécialement aux petites machines. Cette stratégie sembla être couronnée de succès. Les grandes machines partirent en emmenant avec eux les petites qui avaient survécu. Les Gerdrans pensaient en être débarrassés définitivement. Ils remirent leur planète en état et oublièrent complètement cette histoire. C’était à peine si quelques lignes y faisaient référence dans le grand livre de l’histoire de leur peuple.
Cependant, quelque temps plus tard, d’autres machines revinrent. Elles étaient plus grandes que les premières et d’une couleur verte uniforme.
Les Gerdrans tentèrent de leur infliger des décharges électriques comme la première fois, mais celle-ci furent sans effet. Les machines vertes manipulaient des appareils qui émettaient des ondes bizarres. Les Gerdrans se rendirent rapidement compte que ces appareils permettaient aux machines de les repérer. Les machines émettaient alors un rayon lumineux multicolore et l’aura du Gerdran atteint disparaissait.
Après que quelques-uns des leurs aient disparu, les Gerdrans restant s’enfuirent, poursuivis par les machines géantes et leurs étranges appareils.
Les machines les poursuivirent jusqu’à ce que les Gerdrans survivants décident d’abandonner leur planète. Ils tentèrent de coloniser un satellite de Gerdraïa, mais les machines les y poursuivirent. Il en fut de même lorsqu’ils essayèrent de coloniser les planètes voisines. Ils abandonnèrent alors leur système solaire et allèrent chercher refuge sur une lointaine planète inhabitée située dans une autre galaxie et qu’ils appelèrent Germusa.
Beerfenegar fut parmi les survivants. Mais il ne pouvait se résoudre à la perte de ses amis intimes. Quelques années plus tard, il décida donc de retourner voir ce qui se passait sur Gerdraïa.
Il vit que les grandes machines étaient revenues accompagnées de nouveau par des petites machines, et qu’elles étaient plus nombreuses que jamais. Il s’approcha de plus prés pour observer ce qu’avaient construit les machines pendant sa longue absence. Les montagnes construites par les machines occupaient maintenant une énorme surface sur Gerdraïa, et les plantes amenées par les machines occupaient presque tout l’espace restant.
Beerfenegar en était là de ses réflexions quand un rayon lumineux multicolore le frappa de plein fouet. Il se sentit aspiré par la lumière et perdit connaissance.
————————————————————
Quand Beerfenegar reprit connaissance, tout était noir autour de lui. Au bout de quelques instants, il se rendit compte qu’il était à l’intérieur d’une des gigantesques machines. Il essaya d’en sortir, mais il n’y arriva pas. Il n’avait jamais pensé qu’il se retrouverait un jour bloqué à l’intérieur d’une des machines. Il en connaissait cependant suffisamment sur leur fonctionnement pour arriver à en prendre les commandes. Il ouvrit les volets de fermeture des deux caméras extérieures et la lumière emplit le poste de commande.
Beerfenegar vit alors des centaines de feuilles vertes danser au-dessus de lui dans un ciel bleu azur.
Il referma les volets des caméras. Il était de nouveau dans le noir complet.
Il lui fallut un moment pour se remémorer ce qu’il avait appris sur le fonctionnement de ce type de machine.
Il rouvrit les volets et fit pivoter les deux caméras orientables. Il voyait les feuilles d’un arbre qui se balançait sous la douce brise du milieu de l’après-midi.
Il ne pouvait pas voir directement dehors, mais l’écran géant qui emplissait la moitié de la salle de commande permettait d’observer en trois dimensions ce qui se passait à l’extérieur de la machine. Le système de contrôle permettait d’orienter les deux caméras pour couvrir un angle de cent quatre-vingts degrés. Pour voir en arrière, il fallait faire pivoter le sommet de la machine vers la droite ou vers la gauche.
La machine reposait au niveau du sol et Beerfenegar savait qu’il fallait tout d’abord la mettre en position verticale pour pouvoir la faire se déplacer.
Il actionna les deux bras latéraux pour soulever la machine. Le paysage changea sur l’écran géant. Il voyait maintenant une prairie verdoyante parsemée d’arbres d’espèces variées qui descendait en pente douce jusqu’à une haie de broussailles et d’arbustes. Les deux bras inférieurs étaient encore allongés sur le sol. Il les replia et tendit ses bras latéraux pour soulever le corps de la machine de façon à la faire reposer complètement sur les deux bras inférieurs. Puis il déplia ses deux bras inférieurs, ce qui eut pour effet de soulever le corps de la machine à une hauteur vertigineuse. Heureusement, l’ordinateur de bord l’aidait énormément pour assurer la coordination de tous les mouvements afin de maintenir l’équilibre de la machine. Même ainsi, la machine se balançait dangereusement de droite et de gauche. Beerfenegar savait cependant qu’il n’était pas arrivé au bout de ses peines. En effet le système de propulsion de la machine consistait à la mettre dans un état de déséquilibre en soulevant alternativement chacun des deux bras inférieurs qui la soutenait. Toute l’astuce consistait à projeter en avant le deuxième bras inférieur de la machine et à faire reposer la machine dessus avant que celle-ci ne fasse un angle trop important avec le sol pour rester en équilibre. La machine se trouvait alors de nouveau en équilibre sur ses deux bras inférieurs.
On pouvait régler la vitesse de la machine de deux façons, en augmentant la cadence du passage d’un bras sur l’autre ou en allongeant la distance parcourue par le bras inférieur à chaque fois.
Le mode de propulsion le plus rapide consistait à amener la machine à un état de déséquilibre permanent dans lequel, par moment, aucun des deux bras inférieurs ne touchait le sol.
Il s’élança cependant, prudemment, tout d’abord, en maintenant sans arrêt l’équilibre sur un des bras inférieurs, puis avec plus d’assurance par la suite. La machine avança lentement, puis quitta l’ombre protectrice d’un peuplier pour se retrouver dans la prairie inondée de soleil.
Loin en dessous de Beerfenegar, des sortes d’insectes semblables à des bourdons vrombissaient près du sol. Ils étaient posés sur de gigantesques fleurs jaunes ou blanches.
Beerfenegar vit un peu plus loin une autre machine allongée sur le sol. Il s’approcha d’elle et quand il fut suffisamment près, il lui envoya une première décharge électrique, suivie d’une autre à la puissance maximale. La première décharge n’eut pour effet qu’un faible sursaut de la machine. A la deuxième décharge, la machine ne bougea pas, mais une faible lueur émana de son sommet. La lumière grandit tandis que Beerfenegar s’en approchait. Puis il sentit le contact rassurant de l’aura de son ami Iona. Aussitôt qu’il aperçut la machine de Beerfenegar, Iona émit une décharge électrique à pleine puissance. Beerfenegar ressentit une violente douleur, la machine où il était prisonnier se cabra, puis elle s’écroula sur le sol. Soudainement Beerfenegar se sentit libéré de sa prison et s’éleva lentement au-dessus de la machine maintenant immobile. Il perçut alors nettement l’aura ultra violette de Iona.
Tous deux s’envolèrent et ils retournèrent immédiatement sur Germusa pour y tenir un conseil de guerre.
——————————————–
Germusa
Ils décidèrent d’appeler les machines des Cobems, abréviation de Carbon Oxygen Biological Engine Machine.
Beerfenegar et Iona rendirent compte de ce qu’ils avaient vu aux autres Gerdrans rescapés réfugiés sur Germusa. Ils décidèrent de tenter une action pour libérer les Gerdrans encore détenus dans des machines sur Gerdraïa. Après avoir échangé leurs impressions respectives sur les machines, les Gerdrans conclurent que les machines étaient généralement inactives la nuit, et que leur acuité visuelle nocturne était très faible. Ce serait donc le meilleur moment pour les attaquer. Il leur faudrait également déconnecter les appareils qui permettent aux machines de les repérer de façon à pouvoir agir en toute tranquillité. Comme les décharges électriques qu’ils émettaient individuellement n’étaient pas toujours suffisantes pour mettre une machine hors service, ils décidèrent que deux Gerdrans attaqueraient simultanément la même machine. Ils iraient tous ensemble sur Gerdraïa, et comme ils ne savaient pas à l’intérieur de quelles machines les Gerdrans étaient retenus prisonniers, ils mettraient hors de combat toutes les machines qu’ils rencontreraient jusqu’à ce qu’ils aient libéré tous les Gerdrans qui avaient disparus. Leur coup accompli, ils retourneraient tous sur Germusa et abandonneraient Gerdraïa aux machines qui ne manqueraient pas d’y retourner comme la première fois qu’ils les avaient vaincues. Leur plan était simple et efficace, du moins l’espéraient-ils.
La bataille de Gerdraïa
Ils arrivèrent de nuit à proximité de la partie habitée de Gerdraïa qui consistait en un seul continent entouré d’un océan qui recouvrait les trois quarts de la planète. Les Gerdrans restèrent en orbite autour de la planète tandis que Beerfenegar et Iona partaient en explorateurs.
Beerfenegar repéra une source d’énergie située à proximité de la ville que les machines avaient construite sur Gerdraïa.
Il se rendit immédiatement dans le poste de commande qui la contrôlait et y émit une décharge d’énergie. Les lumières qui éclairaient la ville s’éteignirent alors d’un seul coup.
Ensuite, il alla avec Iona dans le bâtiment où les machines stockaient les détecteurs et les fusils aux rayons multicolores. Iona et lui-même les soulevèrent et leur donnèrent une impulsion suffisante pour les soulever hors du bâtiment. Ensuite, ils remontèrent rejoindre les autres Gerdrans en orbite et leur confièrent les armes ainsi confisquées.
Les Gerdrans descendirent ensuite dans les bâtiments dans lesquels la plupart des machines étaient allongées, immobiles. Entre les bâtiments, quelques machines couraient en tous sens. Ce sont les premières que les Gerdrans abattirent, méthodiquement, une par une. Certaines machines étaient protégées par des combinaisons qui les protégeaient des décharges électriques. Contre ceux-là cinquante mille Gerdrans émirent leurs décharges électriques simultanément. Heureusement, elles étaient peu nombreuses et après les avoir éliminées, ils purent reprendre leurs attaques par groupes de deux, comme prévu initialement. Ils eurent alors la grande surprise de voir en sortir les auras de Gerdrans qu’ils ne connaissaient pas. Ils eurent cependant la joie de retrouver l’un des leurs parmi ceux-là, qui s’appelait Vradenegar. Ils essayèrent de communiquer avec les autres, mais ils ne répondaient pas. Ils supposèrent que c’était des voisins d’autres planètes capturées de la même manière qu’eux par les machines.
Ils avaient peu de temps avant le lever du jour et le réveil des autres machines. Aussi, n’approfondirent-ils pas l’étude de leurs nouveaux amis. Ils s’attaquèrent sans répit aux machines endormies. Ils libérèrent ainsi des milliers de Gerdrans, dont les deux tiers leurs étaient inconnus.
Ils eurent la joie de retrouver tous les leurs, mais ils continuèrent cependant d’électrocuter toutes les machines qu’ils rencontrèrent afin de libérer également tous les Gerdrans étrangers.
Toutes les machines furent hors de combat bien avant le lever du soleil. Les libérateurs essayèrent de nouveau de communiquer avec les Gerdrans étrangers, mais ceux-ci faisaient preuve d’une mauvaise volonté manifeste. Les Gerdrans auraient bien voulu prévenir leurs nouveaux amis que les machines allaient sûrement revenir et qu’il leur fallait partir avant leur retour, mais ils n’y arrivaient pas, les nouveaux Gerdrans semblaient sourds à toute explication. En désespoir de cause les Gerdrans repartirent pour Germusa avec leurs amis libérés en laissant sur place les inconnus. Ils les avaient déjà bien aidés, et si ceux-ci ne voulaient pas les accompagner sur Germusa, ils pourraient bien se débrouiller seuls.
Les Gerdrans repartirent pour Germusa et ne revinrent jamais voir sur Gerdraïa ce qui se passait.
Casomir
Deux hommes en uniforme discutaient tranquillement dans la salle de restauration de la station spatiale Gazymar IV qui servait de quartier général au responsable de la colonisation des nouveaux territoires de la confédération de Bahjahpur. L’un était grand et mince. Il semblait avoir une cinquantaine d’années et il portait les insignes de colonel de l’armée Smirthienne. Le deuxième était plus petit et plus jeune ; il arborait fièrement ses insignes de capitaine.
Le colonel Kaysesber prit la parole :
– La planète Casomir a été découverte il y a vingt ans environ. Elle est située à l’extrême limite de l’espace exploré par la confédération galactique de Bahjahpur. Elle gravite autour d’une étoile naine isolée, un peu à l’écart d’un nuage d’étoile de la galaxie M6. Une reconnaissance effectuée il y a maintenant dix ans a conclu qu’elle était habitable et que l’on pourrait y envoyer des colons. On pourrait proposer à quelques pionniers de la fédération stellaire de Kensaar qui est située dans la même galaxie de s’y rendre.
– Tout à fait, et je propose que le lieutenant Gerberon qui est une nouvelle recrue les accompagne.
– Dans ce cas, on pourrait peut-être envoyer le lieutenant Gerberon avec la prochaine mission de reconnaissance qui part le mois prochain pour visiter ce secteur de la galaxie M6. Cela lui permettra de préparer la venue des colons.
– Oui ! C’est une excellente idée. Je vais en parler au général Bergeac. C’est lui qui devra entériner l’ordre d’envoi des colons sur Casomir.
Le lieutenant Gerberon était extrêmement excité à l’idée de partir pour sa première expédition. Il avait étudié très attentivement tous les rapports sur la planète Casomir qui lui avaient été confié, et il avait complété ses connaissances par des recherches personnelles sur les archives galactiques.
Il avait ainsi découvert un détail quelque peu étrange. En effet, cette planète avait déjà été colonisée quelques milliers d’années auparavant, puis elle avait été abandonnée sans aucune explication. Et maintenant, on la redécouvrait comme si rien ne s’était passé auparavant.
Et pourtant, les rapports indiquaient qu’elle renfermait tout ce que l’on pourrait souhaiter pour une exploitation fructueuse et de longue durée, un climat tempérée, une atmosphère semblable à celle de Bahjahpur qui permettrait de ne pas avoir à modifier génétiquement les colons que l’on y enverrait, des ressources minérales variées et abondantes et une végétation des plus agréables.
C’était sa première mission d’importance et il tenait à la réussir impeccablement.
Après un voyage sans incident, la fusée d’exploration était arrivée à se mettre en orbite autour de la planète Casomir. Le lieutenant Gerberon pénétra dans la navette qui devait le déposer au sol avec les autres membres de la troisième expédition de reconnaissance.
Ils choisirent une vaste plaine arborée au centre de laquelle ils posèrent la navette. Après les vérifications d’usage concernant les conditions atmosphériques et la radioactivité du lieu, le lieutenant demanda la permission de poser le pied sur Casomir le premier. Celle-ci lui fut accordée sans problème et il sauta joyeusement au bas de l’appareil. L’air était frais et la plaine descendait en pente douce jusqu’à une haie d’arbustes qui longeait un ruisseau qui gargouillait gaiement sous le chaud soleil d’été.
Les autres membres de l’expédition descendirent à leur tour avec différents instruments de mesure avec lesquelles ils travaillèrent toute la journée. Il en fut de même le lendemain, et Gerberon qui n’avait aucun travail particulier à accomplir passa sa journée à se promener dans les sous-bois accueillants. Il fit aussi un voyage avec le mini-hélicoptère du bord et alla reconnaître divers endroits intéressants parmi ceux qu’il avait repérés sur la carte de Casomir dressée par les précédentes expéditions. Il visita les rares montagnes de l’unique continent de Casomir qui était essentiellement constitué de plaines et de collines semblables à celle où était posée la navette de reconnaissance. Le troisième jour se déroula sans incident et ils repartirent rejoindre l’astronef en orbite autour de Casomir.
Ils retournèrent sur la station spatiale Gazymar IV et la planète Casomir fut déclarée officiellement bonne pour la colonisation.
Le lieutenant Gerberon repartit aussitôt pour la fédération stellaire de Kensaar où il devait participer au recrutement des premiers colons de Casomir. Les candidats comprenaient plusieurs couples sans enfants et quelques célibataires. Des couples avec des enfants s’étaient également présentés, mais ils avaient été refusés pour la première implantation. En effet Casomir ne disposeraient pas dans un premier temps des commodités nécessaires pour l’éducation des enfants. De plus, bien que Casomir semble très accueillante et sans aucun danger, les responsables de l’expédition répugnaient à envoyer des enfants lors de la première expédition de colonisation d’une planète. On leur promit cependant qu’ils pourraient venir lors de la deuxième ou de la troisième expédition de colonisation qui étaient prévues pour les mois suivants.
Les trois premières expéditions se déroulèrent sans aucun incident et au bout de quelques mois, Casomir disposa de toutes les commodités nécessaires à l’accueil des enfants.
Il y avait maintenant dix mille habitants sur la planète, tous réunis dans la ville de Gromosk qui avait été implantée à l’endroit exact où le lieutenant Gerberon avait atterri lors de sa première visite à la planète Casomir. Comme la planète présentait un relief relativement uniforme, les colons ne s’éloignaient guère de Gromosk où ils trouvaient tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. Une ville champignon avait poussé sur la plaine. Elle comprenait un hôpital, une banque pour les prêts aux colons, deux magasins proposant des vêtements et de l’alimentation, diverses boutiques spécialisées et un marché pour la vente des productions des colons de Casomir, une station météorologique et une bibliothèque.
Tout autour, des champs de blé, de maïs et d’orge faisaient un patchwork coloré sur la plaine. Des vaches et des moutons, ainsi que quelques chevaux paissaient tranquillement sur la plaine. Une simple clôture séparait les terres cultivées de celles utilisées pour l’élevage.
Quelques maisons disséminées dans un rayon de trente kilomètres autour de Gromosk et deux mines à ciel ouvert complétaient les installations humaines sur Casomir.
Ce fut la quatrième expédition qui amena les premiers enfants sur Casomir. Une école fut construite à cette occasion, et une institutrice venue tout spécialement de Kensaar s’y installa.
La première usine était également en cours d’installation et un barrage en amont du fleuve Ghemsar qui traversait Gromosk était en construction pour fournir l’énergie nécessaire à son fonctionnement.
Le lieutenant Gerberon était tout à fait satisfait des résultats qu’il avait obtenus pour sa première mission et s’apprêtait à rentrer triomphant sur Gazymar IV.
C’est alors que les ennuis commencèrent. Tout d’abord des ouvriers qui travaillaient sur le chantier du barrage furent retrouvés étendus au sol. Quand ils revinrent à eux, ils expliquèrent aux équipes de secours qu’ils avaient ressenti une violente décharge électrique avant de perdre connaissance. Ces accidents n’ayant pas de conséquences visibles sur la santé des ouvriers, les travaux continuèrent normalement pendant encore quelques semaines. Puis l’épidémie de décharges électriques reprit, et un des ouvriers, de constitution plus faible que les autres, peut-être, ne se releva pas après avoir été atteint. Il en mourut.
Les autorités s’inquiétèrent alors et commencèrent à envisager de déplacer la construction du barrage sur un site plus en amont. Comme les attaques continuaient et qu’un deuxième ouvrier ne s’en releva pas, un deuxième site fut choisi pour la construction du barrage et les ouvriers abandonnèrent le premier. Une équipe de scientifiques fut envoyée pendant ce temps pour étudier la zone dangereuse.
Mais l’épidémie de décharge reprit sur le deuxième site et un troisième mort fut à déplorer.
Le barrage fut alors abandonné, au profit de la construction d’une centrale nucléaire à l’embouchure du fleuve Ghemsar, à environ cinquante kilomètres au sud de Gromosk.
Cette tentative connut les mêmes déboires, mais cette fois-ci, le lieutenant Gerberon s’entêta et demanda à l’armée d’intervenir pour protéger les ouvriers. Un escadron de soldats du génie venu de Kensaar, vint accompagner les ouvriers sur le site choisi pour la construction de la centrale nucléaire, L’équipe de scientifiques s’installa également à demeure sur le site dénommé désormais Duranhal, du nom du troisième ouvrier décédé lors de la tentative de construction du barrage. Ils avaient pour unique tâche de se mettre à la disposition des militaires lors des prochaines manifestations de la mystérieuse maladie.
Celles-ci ne tardèrent pas, et se produisirent simultanément sur le site de construction de la centrale de Duranhal et à Gromosk même. Dans la ville, une dizaine de personnes furent touchées dont deux enfants qui n’y survécurent pas.
Avec les détecteurs ultrasensibles apportés par les militaires depuis Kensaar, les scientifiques réussirent à localiser les sources des décharges létales et à les poursuivre dans leurs déplacements. Plusieurs ouvriers, mais aussi des scientifiques et des militaires de Duranhal furent atteints par les décharges, mais tous furent rétablis après quelques heures de repos.
Les nouvelles parvenues de Gromosk étaient cependant alarmantes et de nouveaux renforts furent demandés d’urgence à Kensaar. Des appareils spéciaux furent mis au point à la station spatiale de Gazymar IV pour piéger les étranges sources d’énergie.
De nouvelles attaques se produisirent et quatre nouvelles victimes furent à déplorer, dont deux enfants de l’école de Gromosk.
Enfin les appareils en provenance de Gazymar IV arrivèrent avec les renforts de Kensaar.
Dés le lendemain, une des mystérieuses sources d’énergie fut capturée et conservée dans une sorte de cage de Faraday. Le lendemain deux autres furent capturées, et envoyées sur Gazymar IV afin d’y être étudiées.
Pendant ce temps, les attaques des étranges créatures redoublaient de puissance, les scientifiques avaient dénombré plusieurs centaines de milliers de ces invisibles créatures. Ils s’attaquaient spécialement aux enfants, si bien que l’école fut fermée et les enfants renvoyés avec leurs parents vers Kensaar.
On dénombrait maintenant également des centaines de morts parmi les militaires.
Gerberon comprenait maintenant pourquoi la tentative de colonisation de Casomir intervenue plusieurs milliers d’années auparavant avait échoué.
L’ordre arriva alors de Gazymar IV d’abandonner la colonisation de Casomir.
Tous les humains quittèrent alors la planète Casomir au grand désespoir du lieutenant Gerberon qui voyait ainsi sa première tentative de colonisation réduite à néant.
Il retourna sur Gazymar IV, et l’on entendit plus parler de la planète Casomir pendant plusieurs années. Celle-ci avait été classée comme non colonisable à cause de mystérieux orages magnétiques et son dossier rangé au fin fond des archives galactiques de Bahjahpur.
Les années passèrent pendant lesquels le lieutenant Gerberon fit son chemin. Il devint capitaine, puis après plusieurs expériences de colonisation réussies, colonel du corps de génie de l’armée de Bahjahpur et il finit par devenir le responsable des opérations pour la zone de l’espace contrôlée depuis la station spatiale de Gazymar IV avec le grade de général.
Un soir, dans son bureau, alors qu’il envisageait avec sérénité de prendre sa retraite dans quelques mois, il reçut la visite d’un jeune lieutenant tout frais émoulu de l’école de guerre qui s’appelait Kerveran. Celui-ci faisait dans le cadre de ses études, un rapport sur les derniers essais de colonisation avortés, et en particulier sur les tentatives successives d’occupation de la planète Casomir. Il expliqua au général Gerberon qu’il avait découvert avec un de ses camarades un procédé pour coloniser sans risque de pertes humaines les zones à risque telles que Casomir. Celui-ci consistait à transférer des sources d’énergies intelligentes telles que celles découvertes sur Casomir, dans des corps humains, des clones préparés spécialement à cet effet, puis à les éduquer et à les faire travailler sur leur planète d’origine.
De telles expériences avaient été tentées à partir de spécimens conservés au musée d’histoire naturelle de Bahjahpur. Elles n’avaient pas donné d’excellents résultats, sauf celles effectuées à partir des sources d’énergie intelligentes en provenance de la planète Casomir.
– J’ai ici avec moi deux personnes que j’aimerais vous présenter, et qui je l’espère vous convaincront de l’intérêt de ce projet, précisa le jeune homme. Puis-je les faire entrer ?
– Mais, bien sur, répondit Gerberon qui gardait toujours un souvenir ému de sa première tentative de colonisation ratée de la planète Casomir.
Le lieutenant Kerveran ouvrit la porte et fit pénétrer deux hommes qui attendaient dans l’antichambre.
– Je vous présente mes amis Korvengo et Gerdranar. Korvengo est le camarade de promotion avec lequel j’ai mis au point ce procédé et… Hum ! … Gerdranar en est le résultat.
– Bonjour monsieur, dirent simultanément Korvengo et Gerdranar en saluant.
Les deux hommes étaient absolument identiques en tout point, excepté la couleur de leur veste qui était bleue pour Korvengo et beige pour Gerdranar.
– Gerdranar est un clone créé à partir d’une cellule de Korvengo et habité par un Gerdran. C’est ainsi que s’appellent entre eux les habitants de la planète Casomir. La planète elle-même s’appelle dans leur langage Gerdraïa.
– Attendez, attendez, interrompit le général Gerberon, vous êtes en train de me dire que les centaines de milliers de sources d’énergie invisibles qui infestent la planète Casomir sont autant de créatures intelligentes et que vous avez mis l’une d’elle dans un corps humain qui est un clone de votre ami ici présent. C’est cela ?
– Oui ! C’est exactement cela, répondit le lieutenant Kerveran sans se démonter.
– Alors ! Hors d’ici ! Bande d’escrocs ! Votre canular de jeunes étudiants ne m’amuse pas du tout ! Allez faire vos idioties ailleurs, je n’ai pas de temps à perdre avec des pantins comme vous ! Allez, dehors !
Le général se leva et ouvrit la porte de son bureau tout en proférant ces derniers mots.
Le lieutenant Kerveran ne bougea pas, et se contenta de faire un simple signe de tête à l’intention de Gerdranar.
Celui-ci se retourna vers le général Gerberon qui sursauta violemment avant de s’écrouler sur le sol.
Le lieutenant Kerveran et son ami Korvengo aidèrent le général à se relever. La décharge n’avait pas été trop violente, mais tout de même suffisamment pour sonner quelque peu le général.
Celui-ci reprit ses invectives envers les trois compères.
– Agression d’un officier supérieur dans l’exercice de ses fonctions, non-assistance à personne en danger ! Vous savez que cela peut aller chercher loin tout ça ! Je vais vous faire rétrograder, expulser de l’armée !
Kerveran et Korvengo regardaient le général d’un air quelque peu amusé et pas du tout effrayé, en attendant que celui-ci ait terminé. Le général retourna à son bureau et s’apprêtait à appuyer sur une petite sonnette pour appeler des renforts lorsque le lieutenant Kerveran reprit la parole.
– Vous souvenez-vous de ce que fait à un humain une décharge électrique envoyée à son intensité maximum par un Gerdran ?
Le général hésita et suspendit son geste.
– Oui ! Je vois que vous vous en souvenez, continua Kerveran, elle le tue !
Maintenant, nous allons discuter tranquillement, après quoi, vous pourrez refuser notre projet, ensuite nous repartirons tranquillement et nous ne vous importunerons plus. Et pour vous prouver notre bonne volonté, Korvengo va ramener Gerdranar à notre hôtel. Après quoi, nous pourrons continuer tranquillement notre conversation.
– Un petit instant, je voudrais discuter un peu avec ce Gerdranar.
– Mon ami, dit-il en s’adressant à Gerdranar, quel âge pensez-vous avoir ?
Gerdranar hésita, il se tourna vers Korvengo, puis il parla.
Sa voix était très semblable à celle de Korvengo et l’on aurait pu croire que ce dernier faisait tout simplement une démonstration de ses talents de ventriloque.
– Parlez-vous de l’âge de mon corps ou bien de mon âge personnel ?
– Les deux, acquiesça Gerberon.
– Eh ! bien, pour mon corps, il est facile de répondre. D’après ce que m’a expliqué Korvengo, mon corps existe depuis cinq ans. Il a été créé à partir d’une de ses cellules quand il est rentré à l’université. Ce sont ses parents qui ont demandé sa fabrication, pour pouvoir lui fournir des organes de rechange en cas d’accident. Il est resté pendant plusieurs années sur la planète natale de Korvengo, qui s’appelle Manoïa si je me souviens bien. Puis Korvengo a demandé à ses parents de le lui envoyer sous un prétexte quelconque. Dés que le corps est arrivé, Korvengo m’a transféré de ma prison électronique dans cette prison biologique.
– Un corps humain n’est pas une prison, que je sache !
– Pour vous non, mais pour moi, si. Je suis un peu plus libre que dans la prison électronique, mais je dois trimballer ce que vous appelez corps humain partout avec moi, et il est drôlement encombrant. Il ne peut pas voler, il avance à une vitesse ridicule et quand vous vous voulez aller plus vite, il faut le mettre dans une autre boîte encore plus encombrante. De plus, il est équipé de caméras des plus médiocres, d’une ouïe et d’un odorat défaillant et en plus, il faut le nourrir deux fois par jour, et le faire dormir chaque nuit, sinon il est malade.
Enfin tout vaut mieux que de rester dans une prison électronique comme celle dans laquelle je suis resté enfermé pendant quarante de vos années. C’est pourquoi, je serais éternellement reconnaissant à Korvengo qui a rendu cela possible. Ceci dit, je serais encore mieux en dehors de cette prison biologique, mais Korvengo prétend que ce n’est pas possible. Bon, enfin, je ne vais pas vous ennuyer avec mes petits problèmes.
En ce qui concerne mon âge personnel, je ne saurais pas vous le dire. Nous autres Gerdrans ne tenons en effet aucun compte des années. Je peux seulement vous dire qu’aussi longues et pénibles qu’aient été les quarante années passées dans la prison électronique, elles ne sont rien par rapport à ce que j’ai vécu auparavant. Avez-vous d’autres questions à poser ?
– Comment avez-vous appris si rapidement notre langue, si vous n’êtes dans ce corps que depuis un an ?
– J’ai commencé à étudier votre langue quand j’étais sur Gerdraïa lors de la première invasion de machines telles que vous. Puis après ma capture, j’ai continué à l’étudier depuis ma prison électronique. Enfin, Kerveran et Korvengo ont passé énormément de temps avec moi pour m’apprendre à parler votre langue, ce qui fait que maintenant, je ne me débrouille pas trop mal. Un avantage de ce corps qui est une copie conforme de celui de Korvengo, c’est qu’il savait déjà prononcer tous les sons que Korvengo connaissait à dix-huit ans. Je n’ai donc eu aucune difficulté concernant la prononciation des mots.
– Mmmhh, belle histoire, très bien racontée, presque plausible, maugréa le général Gerberon, vous pouvez disposer, euh ! … Gerdranar.
Korvengo sortit en compagnie de Gerdranar et le général Gerberon entendit leurs pas s’éloigner dans le vestibule.
– Comment auriez-vous découvert cette fameuse technique permettant de transférer un euh ! … Gerdran de sa prison électronique dans un clone de corps humain ?
– Euh ! je l’ai apprise d’un sorcier de la planète Manoïa que j’ai rencontré lorsque j’étais étudiant. Il m’a dit s’appeler Ghor ou Chtulhu, je crois.
– Et qu’est devenu ce euh ! … Ghor, depuis.
– Je ne sais pas ! Nous avons travaillé quelque mois ensemble, le temps qu’il m’apprenne l’essentiel de ce que je sais maintenant, puis il a disparu. J’ai ensuite complété mes recherches à l’université avec l’aide de Korvengo, et voilà…
– Avez-vous quelques preuves de ce que vous avancez à me montrer, par exemple, le résultat des autres expériences que vous avez faites avec des Gerdrans ou avec d’autres sources d’énergies intelligentes, demanda le général Gerberon qui semblait commencer à s’intéresser à l’affaire.
– Oui ! Bien sûr ! Si vous pouvez venir visiter notre laboratoire à l’université Moxti de Bahjahpur, nous serions enchantés de vous présenter le détail de tous nos travaux.
– Bien ! Je vais y réfléchir ! Je vous rappellerais demain matin à votre hôtel, la nuit porte conseil. C’est bien le Milton, n’est-ce pas ? C’est là que s’installent généralement les visiteurs de Gazymar IV.
– Oui ! C’est cela !
– Bien vous pouvez disposer, termina le général en raccompagnant Kerveran à la porte.
Le général Gerberon s’allongea dans son fauteuil et réfléchit aux conséquences de ce qu’il venait d’entendre, si cela se révélait vrai.
Il téléphona à son ami le général Bergeac, maintenant à la retraite, mais qui continuait à donner des conférences à l’université de Bahjahpur.
– Allo ! général Bergeac ! Ici le général Gerberon qui vous appelle depuis Gazymar IV.
– Bonjour ! Comment va mon élève préféré ? Bientôt à la retraite, n’est-ce pas ?
– Eh Oui ! Bientôt, et justement, je vais peut-être avoir quelque chose d’intéressant à faire avant de partir ! Vous souvenez-vous de la planète Casomir sur laquelle j’ai fait des débuts bien décevants ?
– Mmouihh ! Mais vous n’y étiez pour rien ! La planète n’était pas colonisable, et c’est tout ! D’ailleurs, personne ne vous en a tenu rigueur !
– Deux étudiants sont venus me proposer un moyen de la coloniser. Avez-vous entendu parler d’un laboratoire de l’université Moxti de Bahjahpur qui ferait des expériences sur des clones humains ?
– Non ! Cela ne me dit rien !
– Le lieutenant Kerveran qui m’a dit travailler dans ce laboratoire sort de mon bureau. Il m’a dit qu’il avait réussi à implanter une des sources d’énergie intelligente de Casomir dans un clone de corps humain. Avez-vous entendu parler de cela ?
– Je connais bien Kerveran et son ami Korvengo, ils sont venus me voir fréquemment ces derniers temps pour avoir des renseignements sur la planète Casomir. Kerveran fait sa thèse sur les tentatives de colonisation qui ont échoué, je crois.
– Peux-tu m’indiquer le nom de leur responsable de thèse ?
– Oui ! Il s’appelle Kranevag. Je le connais seulement de vue, mais je dois pouvoir te trouver ses coordonnées si tu veux le joindre.
– Oui ! Je veux bien ! Merci !
– Voilà ! Je l’ai trouvé dans l’annuaire de l’université. C’est le 05-AZE-34-10 !
– Merci ! Je l’appelle tout de suite.
Le général Gerberon appela ce numéro et reçu confirmation du travail qu’effectuaient les deux étudiants à l’université Moxti de Bahjahpur.
Le général Gerberon se rendit sur Bahjahpur et visita le laboratoire où travaillaient les deux étudiants.
Il fut rapidement convaincu de la justesse de leur théorie et retourna sur Gazymar IV où il convoqua une réunion de ses principaux collaborateurs.
Après quelques délibérations houleuses et quelques démonstrations percutantes, ils décidèrent de tenter l’aventure.
Deux copies de l’appareil conçu par Kerveran et Korvengo furent réalisées et envoyées sur Casomir avec du matériel et des hommes du génie spatial de Kensaar. Ils étaient protégés par des combinaisons spéciales pouvant supporter une décharge électrique de 100000 volts. Leur équipement comprenait également des détecteurs ultrasensibles pour détecter les Gerdrans et des pièges électroniques pour les capturer. Dès leur arrivée, les soldats dirigés par le lieutenant Kerveran capturèrent plusieurs centaines de Gerdrans. Leurs appareils leurs permirent de détecter plusieurs centaines de milliers de Gerdrans lors de leur arrivée sur Casomir. Ils continuèrent à les traquer pendant plusieurs jours et en emprisonnèrent encore plusieurs milliers. Puis soudain, les auras des Gerdrans disparurent de la planète. Les soldats les retrouvèrent sur un petit satellite de Casomir où ils les poursuivirent. Ils capturèrent encore une centaine de Gerdrans avant que ceux-ci ne disparaissent des écrans de contrôle. Ils les poursuivirent ensuite sur une autre planète du système solaire de Casomir. Puis les auras électroniques disparurent, définitivement cette fois-ci.
Les militaires patrouillèrent pendant quelques mois, puis la planète fut déclarée de nouveau comme étant colonisable.
Entre-temps, des milliers de clones humains furent amenés sur Casomir, et Kerveran et Korvengo commencèrent leurs expériences.
Ils transférèrent tout d’abord une dizaine de Gerdrans dans des clones humains et commencèrent leur éducation.
Des civils furent envoyés sur Casomir pour aider Kerveran et Korvengo dans leurs travaux.
Comme plus aucun incident ne se déroulait sur Casomir, de nouvelles familles furent installées. La centrale nucléaire fut reconstruite, ainsi que les divers bâtiments de la ville de Gromosk.
Kerveran et Korvengo furent promus au grade de capitaine pour cette réussite exemplaire. Pendant ce temps, leurs expériences sur les clones de Gerdrans donnaient des résultats spectaculaires. Les Gerdrans avançaient dans leurs études à une vitesse spectaculaire et s’intégraient parfaitement à la population humaine de Casomir.
Trente années se passèrent sans aucun problème sur la planète Casomir. Kerveran était maintenant devenu à son tour le directeur du secteur contrôlé par la station spatiale de Gazymar IV. Sa technique de clonage était maintenant éprouvée et les sources d’énergies intelligentes rencontrées sur les nouveaux territoires sous son contrôle étaient rapidement clonées de la même manière que les Gerdrans et éduqués pour devenir les colons de nouvelles planètes.
Il se préparait tranquillement à la petite fête que ses collaborateurs avaient organisée pour son départ à la retraite, lorsque la nouvelle arriva de Casomir. Tous les membres de la colonie de Casomir, Gerdrans compris étaient morts en une nuit.
Les enquêteurs qui se rendirent sur les lieux ne purent que constater que tous les colons étaient morts électrocutés.
La colonisation de la planète Casomir fut abandonnée pour la troisième fois, et sur son dossier fut ajoutée la mention « Tentative de colonisation interdite ».
—— Fin de « Tentative de colonisation interdite » ——